19/01/2017

De la page à l'image... Corniche Kennedy

Le livre :

Corniche Kennedy, de Maylis de Kerangal
En bas, il y a la mer ; en face, la ligne d'horizon, « cent quatre-vingt degrés sans que le regard connaisse la moindre obstruc-tion, plein sud, le soleil dans la figure et la vision panoptique qui leur offre le monde ». Ceux qui se tiennent là, en contrebas de la corniche Kennedy -- c'est à Marseille --, debout sur la mince langue de pierre qui surplombe l'eau, se nomment Eddy, Ptolémée, Mario, Nadia, Loubna... Silhouettes adolescentes, radieuses et vulnérables, en équilibre fragile au-dessus de l'eau – par elle aimantées. Le promontoire rocheux est le théâtre à ciel ouvert de leurs jeux dangereux : ici, les gamins rejouent à leur façon La ­Fureur de vivre – le saut, c'est leur rituel initiatique, leur cérémonie secrète. Maylis de Kerangal sait remarquablement trouver les mots et le souffle pour dire cette communauté adolescente intemporelle. Ses codes, sa sensualité, ses élans. L'aspiration à la liberté et à la lumière, ainsi de ce saut initiatique, qui n'est pas une chute mais une conquête, « comme une figure libre qui ferait le pari de la transcendance inversée ». En contrepoint de la bande de la corniche, Maylis de Kerangal fait exister le monde adulte, via un personnage de commissaire de police aussi ténébreux et terre à terre que sont solaires et aériens les gamins. Leurs routes se croiseront et là se nouera le drame qui inscrit dans le temps présent et le réel prosaïque ce beau roman, qui pourtant s'offre à lire avant tout comme une variation, intensément poétique, sur l'éternel adolescent.


Le film :

Corniche Kennedy, de  Dominique Cabrera (←cliquez) 

Aucun commentaire: